Même si le Seigneur des Anneaux fut initialement publié à partir de 1954, c'est le tournant des années 1960 à 1970 qui marqua le début de sa diffusion grand public (il fallut attendre 1972 pour une première traduction française). Les années 70 ont aussi favorisé la naissance d'une nouvelle industrie du loisir : celle de la figurine fantastique destinée aux jeux de rôle, aux jeux de plateaux ou au jeux de guerre. Jusqu'alors, les soldats de plomb concernaient les amateurs d'Histoire ou de tradition militaire. C'est en adaptant des règles de jeux de guerre (wargames) à une dimension individuelle de quête personnelle, et en y ajoutant des éléments surnaturels propres à la Fantasy (magie, monstres et créatures, races non humaines) que fut inventé le jeu de rôle, dont le plus célèbre des précurseurs fut « Donjons & Dragons », en 1974. Ce nouveau loisir créa un besoin de représentation matérielle des différents personnages que l'on y rencontre (et qui viennent remplacer les pions dans les jeux traditionnels). Et bien sûr, l'oeuvre monumentale de Tolkien fut au départ l'une des principales source d'inspiration de cette nouvelle industrie, qui se développait en même temps que le succès grand public du livre. Des centaines de milliers de magiciens, guerriers, Elfes, Nains et Orques en plomb allaient bientôt déferler sur les tables de jeu. Sans oublier quelques Balrogs !
Les années 70 virent ainsi la commercialisation de plusieurs modèles de Balrogs - plus ou moins réussis - par quelques fabricants pionniers, avant que l'industrie de la figurine ne prenne son envol au cours des années 80 et que le grand démon ailé armé d'un fouet ardent et d'une épée ne devienne un classique indémodable du secteur.
Les
modèles Miniature Figurines / Minifigs (UK)
La
plus ancienne figurine de Balrog portée à ma connaissance fut celle
des britanniques de Miniature Figurines Ltd, une société fondée par Neville Dickinson
en 1965 à Southampton et propriétaire de la marque commerciale
« Minifigs », dont l'essentiel du catalogue était
destiné aux joueurs historiques et qui fut notamment pionnière dans la diffusion de modèles à l'échelle 15 mm.
Ce premier modèle du Balrog de Tolkien est daté de 1973 et fut diffusé au travers d'une gamme fantastique à l'échelle 25 mm nommée « Mythical Earth » (dont la légende veut qu'elle fut initialement commercialisée pour répondre aux voeux d'un client gravement malade et fervent amateur de Tolkien).
Extraits du catalogue, gamme Mythical Earth, Miniature Figurines, 1975 |
On remarquera la proximité phonétique et contextuelle du nom de cette gamme avec le « Middle-Earth » de Tolkien, et cette ligne de figurines reprit même de nombreuses références lexicales spécifiques à l'auteur (Gondor, Rohan, Ithilien, Harad, etc) et comportait notamment un « magicien » et des « Hobbits ». Même si elle ne fut pas produite sous licence officielle, la gamme Mythical Earth fut donc la première ligne de figurines fantastiques directement inspirée du Seigneur des Anneaux.
D'aucuns pourraient estimer que nous restons là assez éloigné du féroce « démon de l'ancien monde » décrit par Tolkien, notons tout de même qu'au-delà de ses limitations techniques, cette figurine Minifigs (sans doute sculptée par Dick Higgs) reste dans l'esprit de la description minimaliste de l'auteur : une silhouette humanoïde assez floue et potentiellement enflammée, une crinière, des naseaux, un fouet et une épée. Et elle évite l'écueil des cornes ou des sabots de bouc jamais décrits par Tolkien. Fait notable, ce Balrog est aussi dépourvu d'ailes (et ce fut l'un des deux seuls dans ce cas de toute l'histoire du loisir que nous avons identifiés).
Demon typ VI, référence DD5, Minifigs, circa 1975 |
La même société produisit deux ou trois ans plus tard une figurine de démon ailé armé d'un fouet et d'une épée. Diffusé sous la référence DD5, ce nouveau modèle était alors destiné à la gamme « Donjons & Dragons » pour y représenter un démon de « type VI ». En jetant un œil sur le livre de règles de ce premier jeu de rôle grand public, on comprenait vite que ceux-ci étaient directement inspirés du Balrog de Tolkien :
« Leurs armes favorites sont une énorme épée +1 et un chat à neuf queues, ce dernier étant utilisé pour entraîner l’adversaire dans les flammes que ces démons sont capables de générer autour d’eux ».
Outre-atlantique, deux sociétés pionnières allaient alors reprendre le flambeau des pionniers britanniques pour dynamiser le marché naissant mais florissant de la figurine fantastique : Custom Cast, établie par Bruce « Duke » Seifried dans l'Ohio en 1972 (sur la base d'une activité de production de figurines historiques nommée « Der Kriegspielers » et remontant aux années 50), et Heritage Models, fondée par Jim Oden à Dallas au début des années 70.
Le modèle Custom Cast (USA)
Gamme de figurine « Der Kriegspielers Fantastiques », circa 1978 |
Si le professeur, décédé à l'automne 1973, n'eut pas l'occasion de voir le résultat, Seifried vendit ensuite 10 000 exemplaires du blister de la « Communauté » qu'il proposa en 1974 dans sa gamme « Fantastiques », sous la référence 1057. Et comme on peut le voir dans la publicité, cette gamme de figurines allait bientôt offrir s'étoffer d'un imposant Balrog, référence 1086.
Balrog, référence 1086, Custom Cast, circa 1978 |
Les figurines Heritage Models (USA)
Balrog, référence 1309, Heritage Models, 1976 |
Heritage Models et Custom Cast fusionnèrent en 1977 et Seifried vint s'installer au Texas (c'est ainsi qu'on retrouve des références aux gammes « Der Kriegspielers » au sein de la marque Heritage après cette date).
Parmi celles-ci se trouvait une nouvelle sculpture du Balrog, réalisée cette fois dans l'esprit du film d'animation, mais uniquement disponible via un coffret nommé « Les Mines de la Moria ».
Le Balrog de ce coffret est un modèle de dimension très réduite (d'une hauteur tout juste équivalente à celle d'une figurine standard), et peinant à reproduire fidèlement les caractéristiques du Balrog de Bashki : le corps est entièrement velu, le torse moins musclé et la tête moins léonine.
Mines of Moria, boîte référence 3000, Heritage, 1978 |
Balrog, boîte référence 3000, Heritage, 1978 |
Cette
figurine fut remplacée à l'été 1980 par un nouveau modèle,
référence 1765. Peut-être frustré par la modestie du précédent
modèle, le sculpteur travailla cette fois sur un modèle beaucoup plus
imposant : 110 grammes une fois les ailes assemblées, et culminant à
75 mm de hauteur. Inspiré de l'école bestiale, avec des ailes plus
classiques de chauve-souris et légèrement plus humanoïde, la
figurine conserve toutefois une sculpture au style assez fouillis, et une pose
plutôt figée, typiques des années 70.
Balrog, référence 1765, Heritage, 1980 |
NdA : Les moules originaux de ces deux modèles de Balrogs appartiennent aujourd'hui à un amateur passionné de l'Arizona. Celui-ci réalise de petites séries à la demande (uniquement sur son temps libre, qui reste très limité), et que le lecteur pourra contacter via le site « Classic Miniatures » (classiminiatures.net).
Les deux modèles de notre collection sont issus de ses ateliers, et nous en profitons pour remercier encore ici Michael pour sa gentillesse et sa disponibilité à nous fournir ces pièces introuvables en Europe.
Balrogs, Heritage Models, 1978-1980 |
« Gothmog arriva, le Grand Capitaine d'Angband, il s'enfonça comme un coin entre les armées des Elfes, encerclant le Roi Fingon et rejetant Turgon et Húrin vers le marais de Serech. Puis il se tourna vers Fingon, et la rencontre fut rude. A la fin, Fingon se retrouva seul, tous ses gardes morts autour de lui, à combattre avec Gothmog. Alors un autre Balrog vint par-derrière, lui lança comme une lanière de feu, et Gothmog l'abattit d'un coup de sa hache noire. »
Le Silmarillion – Quenta Silmarillion – Chapitre Vingt.
Les
modèles Ral Partha (USA)
Tom
Meier (à g.) et Dennis Mize, sculpteurs Ral Partha | |
L'agent du changement se nomme Tom Meier. A quinze ans seulement ce jeune passionné était déjà sculpteur de figurines en free-lance, avant de participer à la fondation de la société Ral Partha à Cincinnati aux USA en 1976, alors qu'il n'avait même pas vingt ans.
A la suite d'un malentendu, Tom Meier fut le premier à utiliser de la résine epoxy bi-composant pour sculpter des figurines entières, un matériau que tous les modélistes et collectionneurs connaissent désormais sous le nom de « green stuff » et qui est devenu un incontournable du loisir. A l'époque, les propriétés plastiques spécifiques de ce nouveau medium de sculpture, associée à son imagination débridée, permirent à Tom Meier de proposer des figurines au style détonant et au dynamisme inédit, ou encore d'atteindre un niveau de détail jusqu'alors impossible, comme dans la représentation des anneaux des cottes de mailles, par exemple.
Concernant
les Balrogs chez Ral Partha, un premier modèle fut produit en 1976
sous la référence 01-003.
Balrog, référence 01-003, premier modèle, Ral Partha, 1976 |
Sa posture est moins statique que le standard de l'époque, avec une flexion des jambes, une expression faciale et un écartement des bras qui offre un début de dynamisme. Le niveau de détail reste toutefois limité et la figurine assez plate (moulage d'une seule pièce dans un seul plan oblige). On note que son entre-jambe est vide et lisse, un détail anatomique qui va vite prendre tout son sens avec le modèle de Balrog suivant.
Balrog, référence 01-003, second modèle, Ral Partha, 1979 |
Ce Balrog de l'école démoniaque à la virilité exubérante remplaça le modèle précédent, sous la même référence. Mais c'est par ses lignes torturées et nerveuses et grâce à sa posture très dynamique que ce modèle marque une rupture par rapport aux standards de l'époque : la figurine orientée de trois-quarts, le bras levé, les lanières du fouet en suspens, une jambe fléchie l'autre tendue, une épée négligemment posée au sol, des flammèches qui s'élèvent de la crinière. Le jeune sculpteur gomme enfin l'héritage lisse et figé de la figurine militaire qui pesait encore sur le secteur, ajoutant même un brin d'humour potache, et propulse ainsi le loisir dans les années 80, où l'originalité et le second degré seront souvent recherchés.
Plus prude (mais guère moins ridicule), une version « string » de cette seconde sculpture fut aussi proposée, sans doute à destination du marché U.S. où une classification « PG » (contrôle parental) peut vite s'avérer funeste pour un produit avant tout destiné à la jeunesse.
Il existe même une troisième variation de ce modèle, toujours « au naturel », mais avec un faciès différent, plus proche de la chauve-souris, et un membre viril moins détaillé, moins exubérant.
Balrog, référence 01-003, seconde et troisième variantes du second modèle |
Balrog, référence 01-003, troisième variante du second modèle |
Ce Balrog de Meier fut ensuite réédité sous la désignation « Balrog unleashed » (référence 19-081) en 1995, au sein de la gamme commémorative « Remembered » saluant les 20 ans de la marque Ral Partha.
Balrog Unleashed, référence 19-081, seconde variante, Ral Partha, 1995.
Un classique donc, qui, au travers de ses différentes variantes et de sa présence au catalogue jusqu'à la fin de la marque, marqua très certainement son époque.
Balrog, de John Blanche, in Warhammer Fantasy Battles, 2nd Edition, 1984 |
La paire d'ailes qui équipait cette figurine fut rapidement réutilisée pour un autre modèle de Balrog, dit « armored » en raison de sa cotte de mailles. Celui-ci fut proposé sous la reference 01-081 au sein de la même gamme (dont le nom complet était « Personalities and Things that go Bump in the Night »).
Cette fois, la conformation des membres postérieurs, la posture voûtée et la tête chevaline faisaient plus pencher cette représentation du côté de l'école bestiale.
Armored Balrog, référence 01-081, avec deux variantes de fouet. |
Notons qu'il exista trois variantes de ce modèle (de dimension assez modeste) : avec le fouet collé au bras gauche, ou avec le fouet près du sol et aux lanières jointes ou regroupées.
Armored Balrog, référence 01-081, avec troisième variante de fouet. |
On retrouva encore cette même paire d'ailes quelques années plus tard, en triple exemplaire cette fois, dans la boîte Ral Partha « The Black Prince's Chariot of Fear » (référence 01-127).
The Black Prince's Chariot of Fear, coffret référence 01-127, Ral Partha, 1984 |
Une nouvelle création exhubérante de Tom Meier de 1984, dans laquelle deux Balrogs tirent le char de combat aux roues enflammées d'un certain « Prince Noir », véhicule lui-même constitué d'un vaste bouclier porté par un troisième Balrog en position accroupie ! Sans doute une référence (lointaine) aux combats du Premier Age décrits par Tolkien, dans lesquelles les Balrogs (fort nombreux) officiaient comme capitaines d'armée ou gardes rapprochés de Morgoth, le « noir ennemi du monde ». On retrouve en partie le style du Balrog précédent dans ces modèles aux traits nerveux, tout en notant encore une fois le dynamisme des poses des trois différents Balrogs.
Balrog 1, composant du coffret référence 01-127, Ral Partha, 1984 |
Balrog 2, composant du coffret référence 01-127, Ral Partha, 1984 |
Balrog 3, composant du coffret référence 01-127, Ral Partha, 1984 |
Black Prince's Chariot of Fear, référence 01-127, Iron Wind Metals.
Black Prince's Chariot of Fear, référence 98-0746, Ral Partha Legacy.
(Le modéliste averti notera toutefois qu'il s'agit d'un coffret à l'échelle 25mm, et non 28mm).
Visiblement jamais à court d'inspiration en matière de Balrogs, Tom Meier sculpta dès l'année suivante, à l'occasion du dixième anniversaire de Ral Partha, un « seigneur des Balrogs » dénommé « Ral », également vendu en coffret.
« Ral » Lord of the Balrogs, boîte référence 10-412, Ral Partha, 1985 |
Celui-ci proposait encore une fois une approche assez déjantée et radicale du concept : une créature au corps humanoïde mais à tête enflammée de saurien à la gueule grande ouverte, se tenant dans une posture de défi hystérique face à ses potentiels adversaires. Pour le modéliste, cette grande figurine (les ailes culminent à 12 cm de hauteur et la figurine assemblée pèse plus de 130 grammes) a le mérite de s'assembler facilement à l'aide de seulement 4 pièces différentes.
RAL, Lord of the Underworld Fire Demons, blister référence 10-412, Iron Wind Metals.
Balrog, référence 02-967, Ral Partha, 1991
Balefire Demon with sword, référence DF-229, Iron Wind Metals.
Greater Demon III, référence 51-0773, Ral Partha Legacy.
On notera que Guthrie avait déjà sculpté un autre modèle de démon ailé au sein de la même gamme. Dénué de fouet et intialement nommé « Seigneur Démon », c'est une créature démoniaque plus classique et plus martiale, mais qui s'inspire tout de même du Balrog avec son épée ardente.
Demon Lord, référence 02-954, Ral Partha, 1988 |
Balefire Demon, référence DF-201, Iron Wind Metals.
Greater Demon IV, référence 51-0774, Ral Partha Legacy.
La gamme All Things Dark and Dangerous se vit ensuite adjoindre un nouveau modèle inspiré du Balrog avec un blister de trois figurines nommé « Seigneurs du Feu », et comprenant notamment un démon de feu ailé armé d'un fouet et d'une épée et jaillissant d'une flamme.
Fire Lords, référence 02-514, Ral Partha, 1995 |
Ce blister incluait également à l'origine un « élémentaliste » (sorcier maître d'un élément, ici le feu) déjà commercialisé sous la référence RP-364, ainsi qu'un démon mineur brandissant un cobra (!), une figurine sans doute elle aussi extraite du catalogue déjà existant.
Fire Demon with sword, référence DF-601, Iron Wind Metals.
Alors que le fonds de figurines Ral Partha avait été racheté par la société FASA de Chicago en 1998, apparut dans la dernière édition du catalogue papier Ral Partha (daté de 2000) un autre modèle que l'on peut assimiler à un Balrog.
Fallen Angel, référence 01-191, Ral Partha, 1999 |
Ce modèle est lui aussi désormais proposé par Iron Wind Metals avec une référence inchangée.
Fallen Angel, référence 01-191, Iron Wind Metals.
La société Ral Partha n'existe déjà plus à cette époque, et après un court épisode FASA, c'est la société Iron Wind Metals qui a racheté le fond de catalogue (on peut ainsi retrouver ses coordonnées au dos de ce blister).
Droits de licence oblige, le modèle fut ensuite rebaptisé « Démon de feu et d'obscurité », en conservant sa référence
01-201, pour être désormais proposé sous blister IWM.
Demon of Fire and Darkness (Fire Demon), référence 01-201, Iron Wind Metals, 2001. |
Le
modèle Iron Wind Metals (USA)
Pit Demon with whip and sword, Iron Wind Metals, 2003. |
On trouve aussi dans leur catalogue en ligne la référence 06-011 « Pit Demon with whip and sword ». Quand on sait que le terme « pit » en anglais peut se traduire aussi bien par fosse que par mine, on se montre immédiatement intéressé par ce modèle de démon des profondeurs équipé d'un fouet et d'une épée...
Absent des derniers catalogues RP et probablement issu de projets encore en développement à l'époque de la cessation d'activité initiale, c'est un modèle d'inspiration bestiale à tête léonine qui appuie sur la dimension humanoïde et guerrière et reléguant au second plan la dimension démoniaque et incendiaire.
Les
modèles Grenadier Models (USA)
Elle compta jusqu'à cinquante
collaborateurs et vendit plus de 6 millions de figurines à travers
le monde en vingt années d'existence, et compta en ses rangs de nombreux sculpteurs qui ont fait l'histoire du loisir : Julie Guthrie, Nick Lund, Mark Copplestone, Sandra Garrity, Bob Naismith, etc.
Le lancement de la gamme « Wizards and Warriors » en 1976 fut l'occasion de sortir un premier modèle de « Démon » dans un blister accompagné de trois « spectres » sous la référence W28.
Demons and Wraiths, référence W28, Grenadier Models, 1976.
Demon, référence W28, Grenadier Models, 1976 |
Une nouvelle version de cette figurine fut ensuite proposée dans un premier coffret incluant divers monstres de la même gamme, sous la référence WW002.
Deux ans plus tard, l'acquisition par Grenadier des droits de licence « Donjons et Dragons » offrit l'occasion à la marque de proposer de nouveau l'ensemble sous la référence 5002, mais toujours avec la même illustration, et dans lequel la figurine était toujours nommée « Démon » pour coller au bestiaire officiel de ce jeu de rôle.
Boîtes référence WW02 et 5002, Grenadier Models, 1978 et 1980. |
On voit que ce démon ailé armé d'un fouet et d'une épée figure en vedette sur l'illustration de ces deux boîtes. Il mène plusieurs gobelins en armes dans un réseau de galleries souterraines en pierres de taille, une représentation évidemment inspirée par le chapitre de Tolkien au Pont de Khazad-Dum (et au moment judicieux où le film d'animation de Bashki sortait sur les écrans).
Variantes du « Démon », Grenadier Models, 1976 à 1980. |
Le modèle original de 1976 est toujours disponible à la vente et aujourd'hui, et désormais proposé par le fabricant italien Mirliton SG, qui a racheté une grande partie des moules Grenadier, et qui le vend sous la référence DL006, en blister de deux « Monstres » (le second modèle étant un gorille lui ausssi reprit de la boîte originelle).
Après le tournant des années 80, Grenadier Models commercialisa une nouvelle gamme de figurines fantastique sous le nom de « Fantasy Lords », très largement diffusée et dont on trouve encore des figurines sous blister de nos jours.
Cette ligne accueillit en 1983 une très belle figurine de Balrog de l'école bestiale, sous l'appellation « Armored Balrog » (et qui sera rééditée plus tard au sein de la gamme « Fantasy Classics » sous la référence 323).
Armored Balrog, référence 179, Grenadier Models, 1983
|
Mirliton vend toujours ce modèle de nos jours, sous la référence CH019 et sous un nom inchangé.
Sa paire d'ailes et sa hache nous ont semblé un excellent choix pour en faire une rapide conversion en Gothmog, capitaine de la forteresse d'Angband (en changeant simplement la tête de sa hache pour un modèle à double lames).
Gothmog, capitaine d''Angband. D'après Mutated Troll, référence 060, Grenadier Models, 1983. |
La gamme Fantasy Lords s'étoffa en 1985 d'un nouveau modèle de Balrog référence 510, aussi de l'école bestiale, toujours avec des traits assez simiesques et une présence de quelques éléments de pelage. Elle fut d'abord proposée avec un premier modèle d'épée enflammée et portant un pendentif, puis dans une nouvelle version avec une épée simplifiée, et sans le pendentif.
Balrog, référence 510, première et seconde variante, Grenadier Models, 1985. |
Grenadier Models développa à cette époque une gamme assez réduite de figurines sous licence Tolkien, proposées au travers de cinq boîtages différents, référencés 7501 à 7505. C'est la seconde version du Balrog qui fut incluse dans le coffret nommé « Sauron's Dark Ones ». Celui-ci contenait neuf figurines : le Balrog, un spectre des Galgals, un Troll noir, un capitaine Orque, Saroumane, Gollum, un Warg, un Nazgûl et un énigmatique « Vampire des montagnes ». Peut-être une référence à Thuringwethil, le serviteur de Sauron à l'époque du Premier Age... ?
Sauron's Dark Ones, Grenadier Models, coffret référence 7502 |
Cette figurine de Balrog est désormais disponible via le catalogue Mirliton, sous l'appellation « Demon lord » référence CH016, mais dans une troisème variante, désormais équipée d'une cotte de mailles.
Demon Lord,
référence CH016, Mirliton SG, date inconnue. |
Elle était proposée pour le jeu de batailles Fantasy Warriors écrit en 1990 par Nick Lund, lui aussi un transfuge de Citadel.
The Fiend, référence 5350, Grenadier Models, 1992 |
C'est aussi un modèle imposant et lourd, dont le sommet de la tête culmine à 90 mm et dont les huit pièces à assembler pèsent presque 200 grammes. Colle epoxy et tiges d'acier sont ici nécessaires pour assembler durablement cette figurine. Les collectionneurs trouveront maintenant ce modèle chez les italiens de Mirliton SG.
Balrog, coffret référence CR001, Mirliton SG |
Puisque nous venons d'évoquer les créateurs britanniques Naismith et Lund, il est temps de s'intéresser aux Balrogs produits de ce côté-ci de l'Atlantique. Si Minifigs, fondée en 1964, s'était affiché comme fabricant précurseur au Royaume-Uni, il faudra attendre la fin des années 70 et le tournant des années 80 pour voir les britanniques pénétrer durablement, puis dominer le marché de la figurine fantastique.
Le modèle Asgard
Miniatures (UK)
Fondée en 1976 par un trio qui comptait notamment Bryan Ansell, Asgard Miniatures produisit un Balrog sous la référénce FM53 au sein de sa gamme Fantasy Monsters.
Balrog, référence FM53, Asgard Miniatures, date inconnue. |
Ce modèle peut se trouver aujourd'hui au sein du catalogue de la marque Alternative Armies, sous la même référence, dans le cadre d'une offre reprenant une partie des anciens moules Asgard, et tout naturellement nommée « Classic Asgard Fantasy ».
Les
modèles Citadel (UK)
Bryan Ansell quitta ensuite rapidement Asgard Miniatures en 1978 pour fonder la marque Citadel Miniatures. Le rejoindront bientôt d'autres sculpteurs transfuges d'Asgard, comme Nick Bibby, Tony Ackland ou Jes Goodwin. La marque proposa un premier modèle inspiré du Balrog en 1982 au sein de sa gamme Fiend Factory.
Winged Demon with sword and whip, référence FF5, Citadel, 1982 |
A la suite de convolutions juridiques de distribution, cette figurine se retrouva également au sein du catalogue Ral Partha au milieu des années 80 (mais sous sa désignation et sa référence initiale).
L'année suivante, Tony Ackland proposa sans doute le modèle le plus incongru de Balrog fabriqué à ce jour. Nommé « Golgoth, puissant seigneur des Balrogs », ce kit - imposant pour l'époque - proposait un modèle de la plus pure école bestiale, sorte de chat-garou aux ailes de chauve-souris, à queue de serpent et dard de scorpion (!).
Golgoth, Mighty Lord of Balrogs, référence TA1, Citadel, 1984 |
Ici, l'école bestiale dominait tellement que le modèle est dépourvu de ses armes emblématiques, et doit se contenter de ses griffes, tandis que toute référence au « démon de feu » de Tolkien est passé aux oubliettes. Il faut bien avouer que c'est là un modèle assez improbable et qui, en dehors de son nom emblématique, n'a que peu de rapport avec la création de Tolkien...
Même si sa sculpture était moins saugrenue, les réserves restent globalement les mêmes que pour le modèle précédent.
Poursuivant dans son exploration de l'inattendu, Citadel proposa l'année suivante une nouvelle déclinaison de démon de feu au sein de sa série C, dont la conception fut confiée à Nick Bibby.
Winged Fire
Demon,
référence C29, Citadel, 1985 |
En 1985, Citadel obtint comme Grenadier Models des droits de franchise non exclusifs du Seigneur des Anneaux, ce qui permit à la marque britannique de produire une large gamme de figurines dédiées pendant deux ans (avant qu'une toute jeune filiale de Prince August nommée Mithril Miniatures n'achète les droits exclusifs en 1988).
Cette gamme Citadel dédiée à l'oeuvre de Tolkien proposa notamment trois coffrets, référencés BME1 à BME3 : un set de dix figurines représentant la Commuauté de l'Anneau (incluant un modèle pour le poney Bill), un set comportant deux Nazguls, l'un à pied, l'autre monté sur créature volante, et enfin une grande boîte nommée « Rencontre à Khazad-Dum » qui incluait un Balrog faisant face aux personnages de Gandalf, Aragorn et Boromir.
Encounter at Khazad-Dum, référence BME3, Citadel, 1987 |
A l'époque de ma première lecture du Seigneurs des Anneaux vers 1989, Internet n'existait pas. L'achat par
correspondance d'après catalogue papier avec un délai de livraison
de 3 à 4 semaines restait la norme pour tout achat spécialisé non
disponible dans les magasins locaux. Et il n'y avait pas de magasins de jeux de rôle ou de figurines dans mon coin de Berry. Je n'avais aucune idée du contenu réel de cette boîte, et le prix était comme toujours avec cette marque assez exorbitant. Le
Destin étant ce qu'il est, je me suis blessé grièvement au début
de l'été 1990. Plus de cinquantes jours de
plâtre et de béquilles sans poser le pied par terre. En guise de
lot de consolation, mes parents ont consenti à m'acheter ce kit.
Le Balrog de ce coffret BME3, une nouvelle fois signé Nick Bibby, proposait une version outrageusement bestiale : tête de minotaure, double paire de cornes, naseaux fulminants, queue épineuse se terminant en dard de scorpion, tout en muscles, armé d'une épée et d'un fouet à lanières mutliples tous deux très détaillés et massifs, figé dans une pose très dynamique qui la rend particulièrement aggressive (et qui nécessite un socle très long pour compenser le porte-à-faux du démon se projetant ainsi vers l'avant).
Balrog, référence BME3, Citadel, 1987 |
Après 1988 et le rachat des droits exclusifs des oeuvres de Tolkien par Mithril Miniatures, Citadel cessa de produire officiellement des Balrogs jusqu'en 2001.
Balgorg, référence C31, Citadel, 1987. |
Citadel racheta de nouveaux droits de franchise (non exclusifs) pour accompagner le lancement de la trilogie cinématographique de Peter Jackson en 2001, et c'est tout naturellement qu'un nouveau boîtage comprenant un Balrog (et une figurine de Gandalf) fut alors proposé, sous le titre « Duel à Khazad-Dum » (en VF).
Balrog, in Duel à Khazad-Dum, Citadel, 2001 |
Grâce à ces ailes légères, ce modèle bénéficie de la plus large envergure de tous les Barlogs présentés dans cet article (24 cm !). Mais c'est aussi un modèle notoire pour la médiocrité de ses ajustements, et qui nécessite d'importants masticages de ses différentes parties.
Une seconde variante fut proposée lors de la sortie du troisème film de Jackson, elle aussi avec des ailes en plastique, reprenant la même esthétique mais sculptée dans une attitude plus ramassée.
C'est à cette période que ce fabricant décida de se consacrer principalement aux maquettes en plastique injecté pour tous ses gros modèles, sortant de ce fait du cadre de la présente étude.
Les
modèles Mithril / Prince August (IRL)
Fire Demon, référence DE1, Prince August, 1984.
Le Jeu de Rôle des Terres du Milieu (MERP), Iron Crown Enterprise, VF 1986.
Ce jeu eut un rôle déterminant dans production de figurines liées au monde de Tolkien à la fin des années 80. Nous avons déjà vu que les marques Grenadier et Citadel avaient elles aussi acquis des droits de franchise de 1985 à 1987 pour développer leurs propres gammes à destination des rôlistes de J.R.T.M. (dont la première version anglophone datait de 1984).
Le partenariat avec ICE a cessé au cours des années 1990, mais Mithril Miniatures a continué sa production exclusive pour offrir la gamme la plus étendue au monde de figurines métal ou résine consacrées à l'oeuvre de Tolkien (plus de 700 modèles ont été produits à l'heure où nous écrivons ces lignes). Outre leur nombre et leur inspiration, les figurines Mithril se dintinguent à plusieurs titres : elles ont toutes été conçues par Chris Tubb (et forment ainsi un ensemble d'une grande harmonie et d'une continuité de style remarquable et inégalée dans l'industrie), elles sont à l'échelle 32 mm (1/56) dite « réaliste » et sont souvent proposées avec une sous-couche gris mat, elles ne sont pas limitées au Seigneur des Anneaux mais couvrent les trois Ages de la Terre du Milieu, avec de très nombreux personnages issus du Silmarillion. Enfin, elles s'affranchissent totalement des différentes adaptations graphiques connues de l'oeuvre de Tolkien pour proposer une gamme originale qui s'appuie sur un style de sculpture tout finesse, que beaucoup de collectionneurs considèrent comme le plus proche des évocations littéraires et de la vision poétique plus que martiale de Tolkien.
Malgré cette profusion de création étalée sur plusieurs décennies, il n'existe à ma connaissance que deux modèles de Balrogs commercialisés à ce jour par Mithril. Notons toutefois qu'il existe également au sein du catalogue deux modèles de « Razarac » (qui seraient des variations mineures de Balrogs de Morgoth de taille plus modeste et sans autres armes que leurs griffes, spécifiques aux déserts du Far Harad), mais cette créature fut une invention des scénaristes de la société I.C.E. pour étoffer leur jeu de rôle, et n'existe pas chez Tolkien.
Coffret The Balrog of Moria, référence MB300, Mithril Miniatures, 1994 |
The Balrog of Moria, référence MB300, Mithril Miniatures, 1994 |
L'idée est originale, et assez séduisante, et se distingue en tous cas par une subtilité qui échappe à beaucoup de représentations de Balrogs.
Une variante enfouie et assoupie fut proposée en 2011 à l'occasion d'une édition spéciale, sous la référence MS564 et sous l'appellation « The Entombed Balrog ».
The Entombed Balrog, référence MS564, Mithril Miniatures, 2011. |
Le démon est représenté ici avec une tête légèrement plus léonine, sans armes, son corps accroupi figé dans un sommeil de plusieurs dizaines de siècles que les Nains n'ont pas encore dérangé. Cette nouvelle intérprétation originale, comme toutes les éditions spéciales Mithril, est désormais très difficile à trouver.
Et les fabricants français dans tout ça ? Ils ont surtout brillé par leur manque de réactivité dans ce secteur. A l'instar de la littérature, où la Fantasy a été longtemps méconnue ou dénigrée, les entreprises traditionnelles ont eu du mal à casser le moule purement historique et à exorciser le fantôme napoléonien qui hante le secteur du soldat de plomb dans l'Hexagone...
Le modèle Rackham (FRA)
La société Rackham
a commercialisé entre 1997 et 2010 des figurines fantastiques très
originales et d'une qualité supérieure, mais celles-ci étaient très
spécifiques à leurs systèmes de jeux et à leurs univers,
l'ambition affichée étant alors de s'établir comme éditeur de
jeux et pas seulement comme fabricant de figurines. Hélas sans succès au final.
Toutefois, notons la présence dans leur gamme « Confrontation »
d'un duo de démons ailés nommés « Molochs », l'un armé
d'une hache, l'autre de deux épées enflammées, et au-dessus
desquels il est difficile de ne pas voir planer l'ombre des Balrogs de Tolkien...
Moloch,
boîte Les
Molochs,
Rackham, 2007. |
Si bien que les
productions Rackham ont même ensuite été piratées en
Ukraine, continuant ainsi de faire vivre (illégalement) ce catalogue d'exception.
Les
figurines Fenryll (FRA)
Créée en 1991 par Thierry Crabouliet, ce fabricant hexagonal s'est tout de suite démarqué en coulant uniquement des modèles en résine à une époque où le métal restait prépondérant. D'abord orienté vers des modèles de grande échelle plutôt à destination de la vitrine, Fenryll s'est recentré au milieu des années 90 sur l'échelle 28 mm - qui reste ultra majoritaire dans le secteur du jeu de figurines fantastiques.
Il y a bien un modèle au nom de « Balrog » dans leur catalogue, mais ce n'en est pas vraiment un (mais plutôt un démon ailé de type saurien à tête de dragon, et sans épée ni fouet) alors que, bizarrement, deux autres modèles sont nettement plus proches des Valaraukars de Morgoth...(?).
Le premier, sculpté par Gaël Goumon et nommé « Démon Majeur », propose une version plutôt bestiale, avec une entité humanoïde rugissante à la musculature développée, affichant quelques éléments de pelage et armée d'un fouet et d'une épée. Classique mais assez efficace.
Le second modèle, dénommé « Le Fils des enfers » fut sculpté par Yannick Fusier. D'une esthétique plus déshumanisée, ses lignes nerveuses, son faciès grimaçant et la morphologie de ses membres antérieurs assument la dimension infernale suggérée par son appellation.
Démon Majeur, réf. FM097, Le Fils des enfers, réf. FM072, Fenryll, 2002-2003 |
Le second kit résine permet d'armer la figurine soit de deux épées soit d'une épée et d'un fouet, et on notera que son socle est gravé de moellons en pierres. Seul son appendice caudal nous paraît discutable, il est assez grossièrement sculpté et dénote avec la silhouette générale de la figurine, plus surnaturelle qu'animale.
(Ces deux modèles restent toujours disponibles à la vente sur le site Internet du fabricant).
A ce stade, il serait bien sûr illusoire d'espérer recenser toutes les figurines produites depuis un demi siècle affichant une descendance plus ou moins assumée avec le Balrog de Tolkien...
On pourrait même argumenter que la plupart des figurines de démons ailés affichant une dimension guerrière s'en sont inspirées, consciemment ou non (ou que ce Balrog de l'auteur britannique correspond finalement à un archétype démoniaque déjà solidement ancré dans l'inconscient collectif occidental ?).
Mais attardons-nous encore un peu sur quelques modèles intéressants...
Le modèle Harlequin (UK)
Baalrog, Mighty Lord of darkness, Harlequin Miniatures. |
Ce fut toutefois l'occasion de commercialiser un modèle de Balrog, confié pour l'occasion à Tony Ackland, qui avait aussi collaboré à la création du système de règles de Raven.
Ce modèle est toujours disponible au Royaume-Uni auprès de Black Tree Design, désormais propriétaire de la plupart des moules Harlequin, sous la référence FA77952, et sous l'appelation « Ignius, Greater Fire Demon ».
Les modèles Grim Reaper Casting (USA)
On remarquera aussi ce fabricant nord-américain, fondé en Pennsylvanie par des anciens de Grenadier Models et actif de 1991 à 2005, a produit deux modèles officiellement appelés Balrog au début des années 90, commercialisés via leur gamme « Nasteez ».
Balrog, référence 1005, Grim Reaper Casting, circa 1993. |
Le modèle Reaper Miniatures
Même si ce n'est pas officiellement un Balrog - l'amateur que notre prose n'aura pas découragé pourra enfin s'intéresser de près au modèle désigné sous le nom de « Narglauth, démon de feu », référence 02654, chez ce fabricant texan. Une belle figurine de 125g, à la sculpture de grande qualité signée Bob Olley et initialement diffusée en 2003.
Narglauth, Fire Demon, référence 02654, Reaper Miniatures, 2003. |
Et les Balrogs féminins ?
Puisque les esprits de feu féminins existent, rien ne s'oppose à ce que certaines de ces entités aient pu être séduites par Melkor pour se muer en Balrogs. Mais cette possibilité n'a pas semblé intéresser les créateurs de figurines... Que ce soit au travers de l'école bestiale ou de l'école démoniaque, ce sont toujours des caractères sexuels secondaires masculins qui ont été mis en avant par les sculpteurs.
Il existe pourtant dans l'industrie de nombreux modèles de démons femelles. Toutefois, ces figurines sont généralement de variations du thème de la succube, telle Lilith, ce démon féminin ailé de la tradition hébraïque qui aurait été la première femme maudite d'Adam. Cette thématique assez universelle et présente sur tous les continents au travers de nombreuses variantes, incarne et traduit la crainte masculine d'une sexualité libre et débridée chez la femme. Ainsi, ces figurines de femelles démoniaques sont souvent proposées à minima torse nu, si ce n'est totalement nues, et génèrent forcément un trouble attrait pour l'adolescent qui se lance dans le loisir, la figurine devenant alors un peu plus qu'un simple accessoire de jeu ou objet de collection.
Reaper Miniatures propose ainsi plusieurs modèles différents de succubes génériques, et le modéliste pourra aisément en faire des Balrogs femelles, avec un travail de conversion se réduisant généralement à les doter d'un fouet et d'une épée enflammée.
Sirithis,
réf.
02181, Virina,
réf.
03084, Ashakia,
réf.14083, Reaper Miniatures. |
Gargoyle, boîte HeroQuest, MB, 1989 (VF).
Il s'agit de la pièce en plastique du jeu de plateau « HeroQuest », commercialisé en France par la société MB en 1989.
Si elle était nommée « Gargouille », sa filiation avec le Balrog de Tolkien n'a besoin d'aucun test génétique...
Laissons donc les mots de la fin, légèrement modifiés, à Legolas :
Ai ! Ai ! Great numbers of Balrogs are come !